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L’Observatoire des mobilités émergentes - Hors-série spécial crise COVID-19

Ce qu'il faut savoir de la vaste enquête menée par CHRONOS et l'OBSOCO

La 4ème vague de notre Observatoire des mobilités émergentes, mené tous les deux ans avec l’ObSoCo, a naturellement été adaptée pour interroger les effets de la crise sanitaire sur les pratiques de mobilité des Français.es.  Un échantillon de 4500 personnes représentatif de la population française a été interrogé  en octobre, à un moment particulièrement intéressant car il se situe à un carrefour entre la persistance de nouvelles habitudes prises durant les 8 premiers mois de crise sanitaire et déjà une forme de retour « à la normale » induit par la reprise de l’activité.

Les résultats, encore tout chauds, nous offrent une belle matière pour questionner l’impact de cet épisode sur les grands chantiers de la mobilité durable. C’est ce que nous vous proposons dans ces quelques lignes, après la visualisation de ses résultats clés.

Baromètre OME4 comportement

Télétravail, drive et e-commerce

Baromtre OME4 multimodalit

Baromtre OME4 pistes cyclables

 

Recours à la voiture individuelle en augmentation 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1er enseignement : c’est avant tout le contexte de mobilité urbain qui pourrait sortir “gagnant” de la crise

Il apparaît que les phénomènes d’accélération, voire certains points de bascule, observés à la faveur de la crise sur des leviers de changement importants ont concerné au premier chef les urbains :

  • La crise a joué un rôle de catalyseur très puissant sur la dynamique de diffusion du vélo et a permis la mise en œuvre à marche forcée de certains chantiers que les avocats du vélo peinaient à porter depuis une dizaine d’années ! On observe à la fois une modification des pratiques dans le sillage direct de la crise mais, fait majeur, les projections exprimées par les usagers ou encore leurs achats d’équipement laissent présager une réelle pérennité des nouvelles pratiques ;
  • Accélération également au niveau des mutations du travail, avec un point de bascule sur le télétravail. Si la dynamique n’est pas uniquement le fait des urbains, c’est bien là qu’elle est la plus forte et que les bénéfices directement tangibles sur la qualité de vie, individuelle comme collective, sont les plus nets. Le déshorage (le fait de décaler ses horaires de travail pour éviter les heures de pointe) pourrait commencer à avoir un impact si la tendance observée chez certains profils comme les cadres des grandes agglomérations se confirmait ;
  • Autre sujet d'importance pour les centres urbains pour lequel des germes de changement apparaissent clairement : le rapport à l’espace public. On peut penser ici à la condamnation de places de stationnement pour étendre les terrasses pendant le déconfinement ; à la marche sur la chaussée qu’on a vu apparaître pour respecter la distanciation physique ou encore aux restrictions sur la voiture couplées à la généralisation des coronapistes. Ainsi, on a vu depuis le début de la crise, un réel mouvement dans le sens d’une réappropriation de l’espace public par les piétons, les cyclistes et les micro-mobilités.

2ème enseignement :  les perspectives sont en revanche plus contrastées dans les zones aujourd’hui les moins pourvues en solution de mobilité et chez les publics les plus empêchés

Certes, plusieurs signaux laissent présager une amélioration des conditions de mobilité dans les zones moins denses : le télétravail y a vu sa diffusion décoller également, avec des bénéfices très nets en matière de qualité de vie, notamment pour des personnes souvent éloignées de leur lieu de travail ; l’essor du vélo à assistance électrique, dont la portée de 10 km voire plus, rend possible un report de la voiture vers le vélo dans des contextes où cela était encore inenvisageable il y a peu ; la structuration de ce que l’on pourrait appeler le “micro-drive” un peu partout sur le territoire est également un signal très positif.

En revanche, les contraintes structurelles qui pèsent sur la mobilité dans les zones moins denses (au niveau de l’urbanisme par exemple, ou des infrastructures de transport…) ne vont pas être “naturellement” levées avec le champ d’innovation dont il est principalement question, d’une part. D’autre part, on le sait, la crise exacerbe les inégalités, et celles qui concernent la mobilité ne sont pas épargnées. Aussi, les publics les plus fragiles sont-ils encore les derniers à tirer parti des nouvelles possibilités offertes car ils sont, par définition, plus contraints. On a en tête le contraste saisissant au moment du premier déconfinement entre les images de métro bondés à 6h du matin et les mêmes métro vides à 9h, quand les cadres faisaient massivement du télétravail.

3ème enseignement : La crise ne semble pas porter atteinte aux principaux leviers d’émissions de GES dans le secteur des mobilités

Il ressort clairement de notre étude que la place de la voiture n’est pas remise en cause. Elle gagne du terrain dans les faits mais aussi dans les représentations des français. Par ailleurs, si on pense à deux des leviers clés pour la réduction de son empreinte carbone que sont la réduction du nombre de kilomètres parcourus et le taux de remplissage des véhicules (autopartage, covoiturage), les signaux ne sont pas encourageants :

  • une majorité des personnes déclarant souhaiter quitter les grandes agglomérations anticipe une augmentation de leur distance domicile-travail,
  • la pratique du covoiturage et de l’autopartage est en net recul.

Et plus généralement, alors que l’essentiel des émissions de CO2 n’est pas généré dans l’hypercentre mais plutôt dans les périphéries et les zones moins denses, on peut anticiper un impact mineur des effets “bénéfiques” de la crise sur les mobilités.

Sur le sujet du CO2, un signal positif toutefois : l’avion. Il est le mode de transport dont les Français envisagent le plus de réduire l’usage, en particulier parmi les populations urbaines et diplômées (soit les plus gros consommateurs de ce mode de transport).

En conclusion : une formidable occasion de créer une rupture dans la trajectoire actuelle pour le secteur

Une fois ces constats posés, c’est un appel à l’action - et à l’action publique notamment – qui doit être entendu, car le contexte est favorable et les leviers nombreux : alimenter au mieux la dynamique historique sur le vélo, dans tous les contextes urbains ; viser un réel changement de paradigme sur le partage de l’espace public en travaillant intelligemment à un renforcement des contraintes sur la voiture ; bâtir des politiques systémiques, en matière de logistique urbaine pour faire face au boom des livraisons ; capitaliser sur le questionnement des pratiques autour de l’avion, en offrant des alternatives convaincantes avec le train…

Consultez notre infographie.

Observatoire réalisé avec le soutien de :

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La presse en parle

Vie Rail & Transports / L'expérience de la démobilité plutôt bien vécue par les Français

La Gazette des Communes / La démobilité et les transports individuels grands gagnants de 2020

Le Parisien / Transports en 2020 : les Français ont plébiscité le vélo et la marche

L'Usine Nouvelle / La crise sanitaire a profté aux modes de transport indivuduels dont la voiture

Le Monde / Transports : 2020, année de la « démobilité »

La Tribune / La voiture individuelle est la grande gagnante du Covid-19 : la SNCF sous le choc

Le Figaro / Covid-19 : les Français atteints de «démobilité» et heureux de l’être

La Croix / Les Français boudent les transports collectifs

Actu Environnement / Mobilité : la crise sanitaire favorise la démobilité et le recours aux moyens de transport individuels

AEF Info / La “démobilité” qui s’est installée en 2020 devrait durer

BFM / COVID-19: Les citadins délaissent les transports collectifs pour la marche et le vélo

20 Minutes / Coronavirus : Les citadins se déplacent plus à vélo ou à pied et boudent les transports en commun selon une étude

Flottes Automobiles / Covid-19 : du changement dans la mobilité des Français

 

Pour tout renseignement :

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Laurent Jegou

Chef de projets - Mobilité et Prospective
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