L’impact du numérique sur le travail des ouvriers et des employés est souvent abordé pour son rôle dans la destruction d’emplois. Pourtant, si 16 % des emplois français sont menacés par la robotisation d’ici à 20 ans (OCDE), ce sont plus de 40 % qui sont amenés, au contraire, à se transformer.
Le panel “Numérique : bouleversements et opportunités à tous les niveaux” animé par Chronos qui s’est tenu lors du Village des Initiatives FSE a été l’occasion de mettre en lumière un angle mort : entre les métiers peu qualifiés détruits par l’automatisation et des emplois plus qualifiés (management, conception) opérant une mue numérique, subsistent des métiers peu qualifiés mais nécessitant une mobilisation d’outils numériques (planning numérisés et usage du GPS pour optimiser l'organisation et les déplacements dans les sociétés d'aide à domicile, introduction de robots destinés à gérer la logistique dans les PME industrielles, etc.).
Quel impact cette évolution aura-t-elle sur l’employabilité et les parcours professionnels ? Comment éviter qu’elle ne fragilise d’autant plus certaines trajectoires ? Autant d’interrogations dont se saisissent les organisations travaillant sur l’insertion professionnelle et l’emploi. Ces dernières sont alors amenées à repenser leurs méthodes.
- En quoi le numérique impacte le travail des ouvriers et employés ?
Le panel rassemblé par la délégation générale à l'Emploi et à la Formation professionnelle (DGEFP) a démontré la diversité des impacts du numérique sur les métiers de premiers niveaux de qualification : nouveaux supports de planification et de communication, suppression ou simplification de tâches répétitives, les outils numériques peuvent améliorer ou re-valoriser certains emplois… à condition que les outils en question ne demandent pas un temps de prise en charge trop long ou ne pénalisent ceux pour qui la numérisation reste un réel obstacle. Ces évolutions interrogent les perspectives de ces travailleurs ne maîtrisant pas (ou pas encore) les interfaces numériques proposées par leurs employeurs. Comment éviter que cette transition ne se transforme en facteur d’exclusion ?
- Comment faire du numérique un outil de valorisation du travail des salariés ?
Face à ce constat, les acteurs de l’accompagnement vers l’emploi se voient investis de nouveaux types de missions, comme le déploiement d'un panel de formations qui répondent aux besoins de découverte et de maîtrise des outils numériques et donnent lieu au développement de méta-compétences (“apprendre à apprendre”) permettant de s’adapter à des outils évoluant rapidement.
- Quelles nouvelles exigences pour les acteurs accompagnant les personnes vers l’emploi ?
Ces transformations forcent donc les acteurs de l’insertion professionnelle à se placer eux-aussi dans une posture d’apprentissage afin de prendre du recul sur leurs méthodes d’accompagnement et revoir leurs méthodes de travail. Les participants aux panels ont ainsi souligné la nécessité de se mettre en réseaux, communiquer davantage et co-construire de nouvelles méthodes, répondant au plus près aux besoins des publics qu’ils accompagnent.
Cet article se base sur un panel qui s’est tenu lors du Village des Initiatives FSE, autour de Marième Diagne (France Stratégie), Guy Loudiere (Fédération des services à la personne et de proximité - FEDESAP),Caroline Mini (Fabrique de l’industrie) et Nadia Rahou (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail - Anact) et animé par Philippe Archias. Pour approfondir le sujet, nous vous invitons à consulter l’article de Regards (en page 12) produit par la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) à la suite du Village des initiatives FSE.